Le Village

Pour découvrir l’histoire du Haut du Tôt ou Le Haut-du-Tôt de l’origine à nos jours:
fermes de montagne, le village, l’école, Mlle Wagner une institutrice, Les deux ouvrages de M. Bernard Cunin sur le Haut du Tôt.

                                                                                                Texte : Daniel THIRIET (A.S.F. le Haut du Tôt)   écrit en 2001

Situé au sommet d’une montagne à l’intérieur du triangle formé par les villes de Remiremont, Gérardmer et La Bresse, loin des grands axes de communications, le village du Haut du Tôt, dont l’église est la plus haute en altitude du département des Vosges, mérite le détour.

La tradition prétend « qu’au Haut du Tôt on entend chanter les anges ». C’est probablement vrai si on sait écouter le souffle du vent lors d’une promenade en solitaire sur cet immense plateau à l’habitat très dispersé dans les écarts de Chèvre-Roche, le Haut des Charmes, la Croix des Hêtres, Vixard, Moyemont, Dramont, Blancfaing, l’Amelon ,la Sotière, le Grisard, le Montiau.

Les premiers habitants du Haut du Tôt sont probablement des Irlandais qui dans la seconde moitié du XVI ème siècle ont fui la persécution de la reine Elisabeth d’Angleterre. Certains noms de famille ont encore une consonance anglo-saxonne.

Ces premiers habitants ont défriché des lopins de terre pour en faire des pâturages et y établir leurs demeures.

Pendant plusieurs siècles, le temps s’est égrené sur ce plateau au rythme des travaux agricoles, de la rigueur des hivers et de la misère qui était le plus souvent le quotidien de ces petits paysans qui exploitaient des fermes dépassant rarement cinq hectares mais devant nourrir une famille nombreuse.

L’éloignement des villages voisins, et des lieux de culte en particulier, posait problème à ces habitants qui devaient parcourir 16 à 20 kilomètres aller et retour pour se rendre aux offices religieux dans les églises de Vagney, de Rochesson, de Gérardmer ou du Tholy selon le lieu d’implantation des habitations.

Au début du XIX ème siècle, l’idée de construire une église au centre du plateau devient la préoccupation majeure de beaucoup. L’idée de quelques-uns fit bientôt l’unanimité.

Les curés des environs les découragèrent. Leurs faibles moyens ne pouvaient pas leur permettre une telle entreprise. Une jeune fille avait entendu parler d’un prêtre qui résidait à Sercoeur (dans la région d’Epinal) et qui avait exprimé le souhait d’aider les habitants dans leur projet. Deux habitants se rendirent à Sercoeur où l’Abbé Paxion confirma son aide.

Des terrains communaux furent acquis par les habitants pour y bâtir l’église, le presbytère et y établir le cimetière.

Pendant l’hiver 1831-1832, les habitants préparent les pierres de la future église dont la plupart proviennent d’une carrière de grès située à quelques kilomètres de là en direction du Tholy. D’autres abattent les arbres et les équarrissent pour préparer la charpente. En février 1832, l’abbé Paxion bénit la première pierre de l’église. Les fondations vont bon train. Tous les habitants, hommes et femmes participent aux travaux de construction. En deux mois les murs sont élevés. La charpente est levée en une seule journée, le 4 juillet. Sans grue, sans les engins de levage d’aujourd’hui, on se demande comment ils ont pu mettre en place la poutre faîtière qui était faite d’une seule pièce de 17 mètres de longueur et de section imposante.

Le 17 septembre 1832, l’abbé Munier, Grand Vicaire de l’évêque de Saint-Dié vint bénir l’église et célébrer la première messe aux milieu de cette population qui voyait enfin la récompense de tous les efforts consentis.

L’année suivante, en 1833, ces mêmes habitants se remirent au travail pour élever le presbytère, cette énorme bâtisse au toit à quatre pans située à l’est de l’église et qui est devenue aujourd’hui la maison de la ruralité après les travaux de rénovation entrepris en 1998.

Le presbytère accueillera l’école jusqu’en 1865, date de construction de l’école située à l’ouest de l’église. L’instituteur, logé gratuitement dans le presbytère, voit son traitement fixé par le conseil de fabrique de la paroisse. Il perçoit du casuel, une rétribution variable pour chaque élève accueilli selon que l’enfant écrit ou n’écrit pas, il est en outre rétribué pour la sonnerie des cloches, le chant de l’office du dimanche et des jours de fête et le creusement des fosses au cimetière.

En 1867, l’instituteur s’installe dans le logement mis à sa disposition dans la nouvelle école.

La population scolaire est alors de 75 élèves réunis dans une seule salle de classe. Une seconde salle de classe fut créée en 1900. Les deux postes d’enseignants furent occupés par un couple, monsieur et madame Marchal avec un effectif de 60 élèves. la seconde classe fut supprimée en 1923. Avec l’exode rurale la population scolaire déclina et la fermeture de l’école eu lieu en 1990. Les élèves fréquentent désormais les écoles de Sapois ou de Vagney.

Quand le visiteur découvre le village du Haut du Tôt, il cherche désespérément la mairie. Il ne la découvrira jamais puisqu’il n’y en a pas.

Pas de mairie, donc pas de maire ni de conseil municipal au Haut du Tôt. Administrativement les 162 habitants, selon leur lieu d’habitation , dépendent de la commune de Sapois pour les deux tiers et les autres de la commune de Vagney. Les bâtiments publics sont gérés et entretenus par les deux communes en fonction du nombre de leurs habitants respectifs.

En 1985, une loi imposa la création de la commission syndicale des biens indivis pour la gestion des biens communs du Haut du Tôt entre les communes de Sapois et Vagney. Certains estiment alors que l’église, le cimetière et le presbytère et les terrains attenants appartenaient aux habitants puisque leurs ancêtres avaient acquis les terrains et construit eux-mêmes les édifices. Ils s’appuient sur le procès verbal établi, le 2 mars 1906, par l’agent de l’administration chargé d’établir l’inventaire des biens paroissiaux à la suite de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Il est écrit : « l’église et le presbytère du Haut du Tôt ont été construits au moyen de corvées par les habitants de la section sur des terrains acquis par eux suivant actes passés devant Maître Claudel , notaire à Vagney, le 10 octobre 1831 ».

Une consultation fut organisée pour les habitants du Haut du Tôt. Par 79 voix pour, 4 contre et 6 bulletins nuls, ils décident d’abandonner leurs droits de propriété aux communes de Vagney et Sapois. Le voeu est exprimé que le presbytère et le terrain attenant soit laissé à leur usage commun.

Pour aller plus loin dans l’histoire du village, deux volumes ont été réalisés conjointement par M. Bernard Cunin l’auteur, l’Association ASF du Haut du Tôt, la communauté paroissiale du village.

«Le HAUT DU TÔT Un village – Une Paroisse», paru en 1996
«Le HAUT DU TÔT – L’Esprit d’un village nature» paru en 2021
En plus des dépositaires indiqués sous la vue, vous pouvez vous procurer aussi ce dernier ouvrage auprès des Amis de la vallée de Cleurie ou de l’ASF du Haut du Tôt